Closer…
mercredi 29 juin 2011 à 17:16
Ochoa ira donc à Ajaccio ! Et alors, me direz-vous. Et alors ? Et bien, je me demande si le transfert de ce joueur ne peut pas symboliser cette extraordinaire foire d’embrouilles qu’est le mercato footballistique…
Comment un joueur au centre de rumeurs insistantes peut-il passer d’un hypothétique transfert au PSG à Ajaccio ? C’est un peu comme si pour un premier rendez-vous, une première invitation à dîner on passait du Bristol au Quick. Ça reste dans le même quartier, le même championnat, mais c’est juste le jour et la nuit. Voilà le genre d’aberration que peut nous proposer le grand cirque du mercato. On a souvent parlé ensemble du fonctionnement, des rouages du marché des joueurs. Autour d’une table virtuelle, on trouve le joueur, l’agent, le dirigeant, le coach, le journaliste et le supporter.
Le point commun à tous ces personnages, c’est qu’aucun d’eux ne connaît la fin du film. La fameuse course à l’info est pratiquement perdue d’avance puisque même si l’un des personnages clés du dossier affirme le transfert fait, l’affaire peut capoter. Au final, il n’y a que la signature du contrat qui offre la garantie d’un marché conclu. Et la situation devient de plus en plus complexe puisqu’il devient de plus en plus fréquent que même après accord verbal, l’affaire échoue. Le cas Aly Cissokho à Milan, qui ne signe pas alors qu’il est présent physiquement dans le bureau du président le stylo à la main, montre bien la fragilité de toutes informations dans le domaine. Le coach apparaît lui souvent comme le type largué du business. Le cocu. On ne compte plus les fois où l’entraîneur s’oppose au départ d’un joueur pour s’apercevoir finalement que son avis compte autant que celui du jardinier. L’été dernier, Deschamps a dû ainsi souvent se sentir inutile. Au PSG en ce moment, on est en train d’inventer un nouveau modèle : Le « personne ne sait rien », l’absence de source. Les hommes en place au club en sont presque à demander aux journalistes s’ils savent quelque chose ! C’est partouze au bal masqué.
Le duo journaliste/agent relève du duo de cabaret de bas niveau. Comme disait Coluche, « il y en a un qui coupe les oignons et l’autre qui pleure ». Le premier cité cherche l’info ou un début d’info ou un truc à raconter et au pire de quoi remplir sa feuille dans une période creuse. Et dans sa recherche du scoop, celui qui lui parle le plus, c’est l’agent, le mac. Le besoin est réciproque. Relayée par la presse (et c’est encore mieux si le média a pignon sur rue) une rumeur sert à gonfler le prix d’un joueur, à chauffer la concurrence. Et dans ce domaine, certains n’ont peur de rien. Quand on écrit que Valbuena vaut 25 millions et que le clavier ne vous saute pas à la gueule, c’est que tout est permis ! Le lien agent/journaliste est donc précieux, même s’il débouche sur une info pour dix pipos ! Dans ce grand cirque, on oublie trop souvent de citer le supporter et son rôle. Il lit le journal et est totalement réceptif. L’info, il la veut, mais il ne rejette pas pour autant la rumeur. Elle entre dans la case rêve de sa tête, la case fantasme. Il joue à faire et défaire sa future équipe fanion. Il espère que son club sera encore plus fort. La fibre émotive est à son comble. Il rêve de vedettes, mais constate aussi l’âpreté du milieu. Rêve et cauchemar couchent ensemble ! Pendant qu’une nouvelle idole arrive, une autre le trompe. Il avait juré ne jamais partir, m’aimer toujours, et il me trahit en allant voir ailleurs si l’herbe n’est pas plus verte. Dans le cas d’Ochoa, ça frise la comédie potache. Le type boutonneux à lunettes qui tente de se faire un canon, mais qui logiquement termine avec un boudin. Mais pour le reste, le mercato, plus qu’un grand cirque, ça pourrait être comme une sorte de grande saga amoureuse entre adultes consentants…
Si Riolo aime Closer, Closer est alors forcément un bon film.
CQFD, Pedro.